Les œuvres de Morgane Portal, telles des ombres fugitives, se dérobent au regard, préférant l’absence à la présence. Comme les monstres d’enfants tapis derrière l’armoire, elles se dévoilent dans le manque, dans les espaces vierges où la pierre noire s’abstient. Ce vide, loin d’être silence, murmure des rêves et des souvenirs, porté par le vertige doux du lin frotté. Dans cet univers sans lieu, où la nuit, selon Péguy, enveloppe les jours comme une mer infinie, ses créations s’épanouissent en abstractions symboliques, rébus poétiques de l’âme. Pas de drame, mais des visions furtives, des passions esquissées, des tatouages éphémères. À l’image des estampes japonaises, d’une délicate « fadeur », ses dessins n’imposent rien, mais invitent l’imaginaire à pénétrer leur mystère. Ils sont fragiles, tissés de fils d’araignée, prêts à s’évanouir au moindre souffle. Ainsi, dans cette galerie de spectres, avançons avec discrétion, effleurant à peine ces visions d’un regard pudique, car, pour ne pas les disperser, il est essentiel d’être discret..